J'ai quelques photos du Népal disponibles dans ma galerie photo...

Tour des Annapurnas

tour des annapurnas

Vous verrez, tout au long de ce récit, on a précisé le plus souvent possible le prix du Coke, ce n'est pas pour faire de la pub à la célèbre marque de soda mais parceque c'est un bon indicateur de prix.

Jour -1 - Sunauli-Pokhara
Jour 0 - Pokhara
Jour 1 - Pokhara-Besi Sahar-Bhulbhule
Jour 2 - Bhulbhule-Jagat
Jour 3 - Jagat-Dharapani
Jour 4 - Dharapani-Chame
Jour 5 - Chame-Pisang
Jour 6 - Pisang-Manang
Jour 7 - Manang-Thorung Phedi
Jour 8 - Thorung Phedi-Thorung La-Muktinath
Jour 9 - Muktinath-Jomson
Jour 10 - Jomson-Pokhara

Jour -1 - Sunauli-Pokhara (Lundi 16 août 1999)

"Good morning ! Good morning !" 6h30 : Nepal Guest House La nuit a été une nuit de merde dans un hôtel de merde et en plus ma chiasse est de retour : premier contact difficile. En allant aux chiottes je me cogne la tête en sortant. Je manque de me péter la gueule en glissant. Bref la journée commence mal. Et je suis tellement crade que je sacrifie la douche. Petit déjeuner et c'est reparti pour la route.

Aujourd’hui notre bus est plus confortable (2+2 au lieu de 2+3) mais cette housse militaire sur les sièges ne me revient pas. A partir de Sunauli, le paysage est assez monotone : des rizières à gauche, des rizières à droite, mais il fait beau et les nuages laissent entrevoir le ciel bleu et le soleil assez régulièrement. Si seulement on pouvait avoir ce temps là pour le trek ! Au fur et à mesure, la végétation augmente. L'eau a l'air de bien éroder la terre par endroits mais le niveau actuel est bas. Les arbres apparaissent. Le plat laisse place à des montées où le bus peine. On est maintenant dans la forêt mais entrecoupée de rizières. Pause déjeuner, riz ou japathi avec du poulet, c'est vraiment pas l'abondance. Et on est reparti. Il fait toujours beau et on longe maintenant la Trisuli River, et ce pendant un long moment. La vallée est magnifique et le soleil continue de briller. Le trek s'annonce bien. Par contre, le trajet commence à devenir chiant avec ces nombreux arrêts pour prendre des gens sur la route. Je ne crois pas si bien dire. A un moment, je veux vérifier avec mon pied que mon sac est toujours là sous mon siège. Rien. Je me penche, je regarde bien : plus de sac… Tout d'abord, je crois à une mauvaise blague ; mais il faut se rendre à l'évidence : je me suis fait piquer mon sac à dos dans le bus ! Quand j'y pense, ça doit être les 2 jeunes à ma droite : un debout, l'autre assis. Je me suis fait avoir par celui qui était debout et maintenant ils ont filé tous les deux. Putain la haine ! Qu'ai-je perdu au fait ? Le plus important, mon appareil photo et des pellicules (dont celles de l'Inde), j'ai la haine, je l'ai seulement depuis novembre. J'ai aussi perdu mon carnet de voyage et d'adresses : j'avais pourtant presque fini le récit de l'Inde. Ca fait vraiment chier. Au bout d'un moment, je réalise que mes lunettes de soleil se trouvaient aussi dans le sac. Si l'on ajoute l'anti-moustique et la gourde neuve, le tableau est pas mal. J'ai vraiment l'impression de m'être fait avoir mais il paraît que c'est fréquent… J'essaie de positiver. ç’aurait pu être pire si je n'avais pas gardé mes billets d'avion, mon passeport et mon portefeuille sur moi. Heureuse précaution.

A l'arrivée à Pokhara, nous sommes littéralement assaillis par les rabatteurs des hôtels. Après un rapide passage à la police, on prend le taxi, heureux de ne plus être emmerdés. On se dirige sous la pluie vers Lake Side, où se trouve l'hôtel Nirvana conseillé par le Routard. Il pleut, donc la vue sur les montagnes est limitée. En un jour, on fait les extrémités, le Nirvana est un vrai hôtel, avec des lits propres et une salle de bain avec de l'eau chaude ! Quel bonheur. Relaxant après une dure journée. Pour le dîner, on décide de ne pas se priver. Le Hungry Eyes nous satisfait pleinement: pour la première fois depuis notre arrivée, nous mangeons un steak. Hummm ! Avec une salade de fruits pour conclure. 1900 Rs le repas, il faut bien ça avant d'attaquer le trek. Après le spectacle de danse népalaise, on se retrouve avec la musique dans une ambiance très européenne, ça fait plaisir, on peut s'endormir…

Jour 0 - Pokhara (Mardi 17 août 1999)

Tranquille le Népal, on se lève à 8h30 et ne partons qu'à 10h malgré le programme du jour. Photos d'identité, permis de trekking, ticket de bus, se renseigner sur l'avion Jomson-Pokhara, plus les courses pour récupérer ce qui a été volé la veille : chapeau, lunettes de soleil, gourde ainsi que les nécessaires PQ, anti-moustiques, protège-sacs et cartes postales. Direction vers le bureau responsable de la délivrance du permis le long du lac : Dam fait le guide. Gros sourire du responsable: pas besoin de permis de trekking nous dit-il. Bonne blague, Michel ! Sérieusement, on insiste. Toujours le même sourire : no trekking permit. Et il nous montre un article de journal. Plus besoin de rien, le visa seul suffit depuis juillet 1999… Si on avait su… Nous voilà repartis pour la banque, Népal Grindlays Bank, qui se trouve à l'opposé. 30mn d'attente sur place, 10000 NRs pour Fred, 10000 NRs pour moi, et ensuite la traditionnelle séance de consultation et d'envoi d'e-mails : eh oui, tous les magasins proposent ce service à Pokhara, au prix de 9 NRs la minute de connexion. Déjeuner au Once Upon a Time avec la fameuse "call bell" et notre "japonais-mouche" (aux lunettes de soleil plus qu'impressionnantes…). On finit à 15h30. Direction la station de bus pour acheter les tickets pour Besi Sahar (départ 7h25 chaque matin, durée 5h, prix 70 NRs). Repos à l'hôtel puis on va voir Charlie le français (dont parle le Routard). Kali Gandaki impraticable en raft à cette période, mais possibilité de Royal Chitwan National Park (3jours, 2 nuits) ou de raft sur la Sun Kosi (départ 31/08 ou 01/09). Il nous parle aussi d'une trekkeuse israélienne qui est tombée dans la Kali Gandaki la semaine d'avant… C'est le temps de faire les courses : après les protège-sacs (100 NRs) et le chapeau (120 NRs), Fred part à la chasse aux bâtons de marche. Les t-shirts brodés sont sympas, je repasserai. Dîner dans un pauvre resto où on nous fait poireauter 1h avant d'être servis ! Je déconseille le Billy Bunter House. On y retrouve le français qu'on avait croisé dans le bus. Il va mal, hépatite donc repos pendant un mois. Retour à l'hôtel, préparation du sac, et écriture des cartes postales. Dodo à 1h : la journée de demain promet d'être dure.

Jour 1 - Pokhara-Besi Sahar-Bhulbhule (Mercredi 18 août 1999)

Le grand jour est arrivé puisque c'est aujourd'hui qu'on commence le trek. Entre Pokhara et Dumre, ça roule bien, et le chemin est avalé en 2h, avec les rizières habituelles comme paysage. Pause d'une demi-heure. On est reparti pour Besi Sahar. Surprise, ça roule bien. Par contre, plein de monde. Mais à partir d'un moment, le conducteur s'arrête tous les 100m pour prendre quelqu'un sur le bord de la route. Si seulement ils pensaient à faire des arrêts standards, le trajet serait 2 fois plus court ! Pas étonnant qu'on nous ait annoncés 3-4h de route (2h45 finalement). A force de prendre du monde, le toit est plein à craquer : je n'ose imaginer un accident… Et c'est bondé à l'intérieur aussi, bien sûr. Michel à côté de moi enlève tranquillement ses chaussettes pour se gratter le pied. Micheline crache dans son sac et un mec se gerbe dessus. Bonne ambiance. Arrivée finalement, avec toutes nos affaires.

Pokhara-Besi Sahar : trajet effectué de 7h30 à 9h30, pause à Dumre, puis de 10h à 12h45. Pluie fine, et temps plutôt frais pendant le trajet.

Déjeuner à l'hôtel Everest. C'est maintenant le rendez-vous avec Géraldine la Sangsue, après Nestor le Rat, Norbert le Cafard, et Léon le Pou. Le trek commence, juste le temps d'ajuster les sacs à dos, et c'est parti. Descente vers un torrent qu'on pense être la Marsyangdi River. On part en longeant la rive gauche, aussitôt rappelés par une Népalaise qui nous indique la direction opposée… Après de longues discussions avec Mat, Fred et Dam, on comprend notre erreur. Le torrent débouche dans la Marsyangdi River un peu plus bas. Il faut donc traverser le torrent à pied ce qui se fait sans problème (chaussures imperméable conseillées) pour trouver le chemin qui va à Manang. Effectivement plus bas se trouve la Marsyangdi River, au débit nettement plus important, surtout en cette période de l'année. Le ciel est couvert, les nuages ne se dégagent pas. Quelques éclaircies nous laissent entr’apercevoir le soleil présent. C'est très frustrant de savoir que de magnifiques montagnes sont derrière les nuages et de ne pas en profiter. Ca devrait se dégager au fur et à mesure du trek. Je l'espère ! En chemin on croise des petits écoliers qui paraissent contents de nous voir: "Namaste !". Partis de Besi Sahar à 14h45, nous arrivons à Khudi au bout d'1h30 à un rythme assez soutenu : notre guide (Guide Artou sur les treks dans l'Himalaya) nous annonçait 2h30 de marche… Il est 16h15. Pause d'un quart d'heure avant le pont suspendu en bambou qui enjambe la Khudi Khola. Les porteurs qui passent chargés nous impressionnent. Moi, ce qui me fait chier, c'est mon talon gauche où une ampoule se déclare. La fin de l'étape se révèle du coup difficile car ça frotte, ça frotte, malgré la double peau que je pose en cours de route. De Khudi à Bhulbhule, on met 45 mn (1h annoncés) et on arrive à 17h15. On s'installe au Manang Lodge, au prix de 10 NRs la chambre double! C'est la basse saison qui explique le prix, et le fait qu'on va manger au lodge. Conforts spartiate mais on a une douche (froide) et nos chambres donnent sur la Marsyangdi River qu'on entend en permanence. C'est pas si mal pour un début. Ah si les nuages voulaient bien partir… Dîner (aux chandelles pendant la coupure de courant) avec le petit népalais (Gazelama) tout content de nous voir et de parler anglais. Il parait moins que les 13 ans qu'il nous annonce. Retour du courant électrique. Dodo à 21h30.

Jour 2 - Bhulbhule-Jagat (Jeudi 19 août 1999)

La nuit s'est bien déroulée. En plus, on est tout propre avec la douche de la veille. Réveil à 8h, petit déjeuner (à commander la veille de préférence pour ne pas avoir à attendre trop longtemps le matin). On avait prévu un départ à 8h30, finalement ça sera 10h. Dam et moi nous soucions de nos pieds, et posons les doubles peaux nécessaires... On dit au revoir à notre ami népalais qui part à l'école, et c'est parti après un tour aux chiottes (turques). Mes pieds me font un peu mal mais ça va à peu près, il suffit de faire des petits pas. Les nuages sont toujours là… Jusqu'à Ngadi qu'on rejoint au bout d'1h15 (11h15), le trajet est joli : rizières habituelles avec leur vert éclatant, et surtout plein de petites chutes alimentées par l'orage de la nuit précédente. A Ngadi, pause Coca et c'est reparti pour Bahundanda à 11h30. La montée est raide, j'en chie pas mal, tout seul car les autres sont loin devant. Déjeuner au Top of the Mountain à côté du Mountain View. Un Coke pour reprendre de l'énergie, heureusement qu'il y a ça. Repos des pieds (pose d'une double peau sur l'autre talon, plus de l'élasto pour éviter le frottement direct avec le talon) et déjeuner léger. C'est reparti pour Syangje. La descente est raide et les pierres sont glissantes. Dam se fait une petite élongation au genou. On craint le pire, mais ça ira avec du Niflugel. Le paysage est magnifique avec les grandes étendues vertes des rizières en étage. Le temps est couvert avec quelques éclaircies. On passe très haut au-dessus de la Marsyangdi (rive ouest) avant de la traverser en arrivant à Syangje à 17h. Pour atteindre Jagat et rattraper le retard de la veille (arrêt à Bhulbhule), il va falloir s'arracher. La montée est longue avec des marches d'escalier éprouvantes, surtout en fin de journée. Le premier bhati est atteint au bout d'1h et marque la fin de ces escaliers. Auparavant, passage dans un petit hameau. Le chemin monte encore, avant d'amorcer plus loin une descente vers Jagat. Je croise des porteurs avec des cages de poulets sur le dos, après ceux vus l'après-midi qui portaient des chaises en bois sur le dos (avec la fameuse sangle reposant sur le front qui supporte la charge). Arrivée à l'Everest Guest House à la tombée de la nuit à 18h45. Douche, dîner avec les chats qui n'arrêtent pas de miauler, remplissage des gourdes avec la pompe-filtre. Dodo.

Jour 3 - Jagat-Dharapani (Vendredi 20 août 1999)

Ce matin, réveil à 7h30, petit déjeuner à 8h et départ à 8h50. Il fait grand soleil et la montée sur Chamje est dure. On s'accorde une pause au premier bhati à 9h50, Dam en profite pour photographier la vallée de la Marsyangdi. On rejoint Chamje à 10h10. Il faut ensuite traverser un pont, pour se retrouver sur la rive Est, marcher sur le bord de la rive (avec des pierres maintenues dans des cages de fil de fer), avant d'attaquer la montée sur Tal au milieu de la forêt. Il n'y a plus beaucoup de rizières à cette altitude, mais de nombreux ruisseaux à traverser. La montée est rude, et le petit coup de pompe qui apparaît est effacé par notre pause Coca au Thorung Peak Hotel (un petit bhati en fait) à Sattale (pause de 11h à 11h15). Le Coca vaut 45 NRs à cette altitude. Encore un effort pour rejoindre un deuxième bhati à 11h45 en croisant sur le chemin des tailleurs de pierre qui refont le chemin. On y rejoint Fred qui vient de croise une Hollandaise et son porteur, puis repartons pour Tal. Le temps est devenu plus frais, et une petite pluie apparaît. On monte assez haut, avec une vue sur la Marsyangdi sur la gauche, qui passe dans un passage étroit au milieu des rochers: on dirait une grosse cascade. Mieux vaut éviter de se baigner là-dedans, le débit est impressionnant. Le paysage laisse voir la forêt mais le chemin devient plus rocailleux. A la fin de la montée s'ouvre tout d'un coup un plateau avec le village de Tal derrière une large étendue d'eau calme (la Marsyangdi avant la cascade). Tal signifie lac, ce qui justifie la dénomination du village. Il suffit de suivre un long chemin plat pour atteindre le check-post à l'entrée du village (12h25). Déjeuner à l'Annapurna Hotel (Coca à 60 NRs). Il commence à pleuvoir très fort. On reprend le départ à 14h30, équipés pour la pluie. Le chemin sur la rive ouest est barré car un pont est en reconstruction plus loin. Il faut donc prendre l'ancien chemin sur la rive Est : c'est une suite de montées et de descentes rendues éprouvantes par le terrain glissant. On voit l'autre chemin en contrebas sur l'autre rive, qui a l'air plus facile (moins de dénivelé). Le chemin redescend au niveau de la Marsyangdi, en passant à côté d'une petite plage de sable, puis débouche sur Karte. Il faut continuer sur Dharapani où l'on repasse sur la rive Ouest. Sur tout le chemin, on voit des chutes magnifiques sur la gauche et la droite. On s'arrête au Ganga Jamuna Hotel, nos vêtements sont trempés. Le soir, on joue pendant longtemps aux cartes (c'est l'intérêt d'être quatre) puis dodo après la rédaction du journal.

Jour 4 - Dharapani-Chame (Samedi 21 août 1999)

Il fait relativement frais ce matin et on est tous un peu malades au réveil. Bien sûr, rien n’a séché, il faut remettre les habits mouillés, de toute façon le t-shirt est rapidement mouillé quand on marche. Petit déjeuner, règlement de la facture (1420 NRs à 4 pour la chambre, le dîner et le petit déj), et c’est reparti. Mon ampoule me fait mal au départ. Au bout d’un certain temps, ça devient supportable. Départ à 8h50. A 9h15, je suis arrêté par un policier népalais qui me demande d’attendre à cause d’une explosion à la dynamite prévue sur le chemin à 9h30 : j’en profite pour lire le Lonely Planet et sa partie culturelle. Je suis rejoint par 2 Australiens et la Néerlandaise et son porteur qu’on a déjà croisés. Redépart à 9h45 et arrivée à Bagarchap à 10h05 où les autres m’attendent depuis un petit moment. En une petite heure, on est à Danakhyu. Pour la première fois, on voit des moulins à prières le long de petits murs : il faut les longer sur la gauche. On entre dans une région de culture tibétaine. Les maisons sont construites en pierre, les pierres étant calées par des longues poutres de bois. Il est 11h. Le chemin descend jusqu’à un pont où l’on pose pour une photo. Juste après, le chemin se sépare en deux, menant chacun à Chame, l’un par Temang, l’autre par Lattamarang. Mat choisit Temang, Fred, Dam et moi choisissons Lattamarang comme l’indique le Lonely Planet. Après une petite montée, on rejoint un petit pont d’où on aperçoit de près sur la gauche une chute d’eau à débit impressionnant : l’eau claire va se jeter en contrebas dans l’eau boueuse de la Marsyangdi, contraste saisissant. La montée se poursuit dans des marches avec un petit ruisseau qui y coule. On traverse ensuite une forêt, les arbres apparaissent beaucoup plus nombreux. Un grand pierrier apparaît, résultant de l’érosion de la montagne, il débouche sur la Marsyangdi. Juste après, j’ai une grosse fringale, je n’avance plus du tout, Dam et Fred sont loin devant. Je les rejoins finalement, alors qu’ils m’attendent de l’autre côté d’un éboulis instable et boueux. Plus haut, un arbre est en train de tomber, on peut apercevoir ses racines dans la terre, et des petits cailloux tombent par moment. A son passage, Fred s’est pris une petite pierre dans la hanche. Un népalais me propose de prendre mon sac pour passer rapidement ce passage délicat. Je le suis d’un pas rapide, me sentant tout d’un coup très léger avec 12 kg en moins sur le dos ! Tout d’un coup, on entend un grand bruit et un grand rocher de 500kg nous déboule dessus, entraînant au passage plein de pierres. Un pas en arrière, et on est quitte pour une grosse frayeur, car le rocher est passé à 3m de nous. Le népalais s’est même pris une pierre au-dessus du genou, et il aura un gros hématome… Dam qui voulait me prendre en photo a du coup pris la pierre aussi. Refroidi par ce rocher, je décide de passer par un chemin qui contourne cette difficulté, accompagné d’un jeune Népalais. La montée est abrupte et la descente très raide, j’ai du mal à suivre son rythme, ça a l’air si facile pour lui ! Voilà, c’est passé, je rejoins le chemin. Arrivée à Lattamarang à 12h30, où je retrouve Fred et Dam pour déjeuner au Tatopani Lodge. C’est une bonne adresse, on y mange bien. En fait, ça appartient à la famille du Népalais qui me portait mon sac. Départ 13h45 direction Kyuta. Le chemin monte et à un croisement, la grande route descend sur la droite jusqu’à la rive de la Marsyangdi, et un sentier monte sur la gauche. J’opte pour le grand chemin mais au bout d’un moment j’aperçois un sentier qui monte plus loin sur la gauche. J’hésite et finalement décide de remonter prendre le sentier qui monte. Je persévère au milieu de la végétation, et débouche sur un plateau. Le chemin mène sûrement à Kyuta mais il faut rejoindre Fred et Dam qui doivent m’attendre en route. Descente à fond pour rejoindre le sentier près de la rive. Je suis obligé de passer dans un champ d’orties pour le rejoindre. Aïe ! Aïe ! Et je fais le reste du chemin en courant jusqu’à un hameau où ils m’attendent depuis une demi-heure. Je suis furieux. Ma poussée d’adrénaline m’emmène même à marcher devant eux, c’est rare car leur rythme est normalement assez soutenu. Je manque de glisser sur un éboulis boueux où j’insiste car je vois des traces de pas. Je manque de mourir une deuxième fois dans la journée, et finalement je me calme. On arrive au check poste de Kyuta à 15h50, puis il reste une demi-heure jusqu’à Chame (16h20). La ville est assez étendue car elle rassemble plusieurs administrations: à l’entrée, grand mur avec des moulins à prières, mais on traverse toute la ville, puis la Marsyandi, pour se poser au New Tibetan Hotel & Lodge, isolé, mais très confortable, avec une bonne cuisine, et en plus qui se trouve juste en face de la Marsyangdi et près de 2 sources d’eau chaude. La mode du trouduc se poursuit : on joue aux cartes, puis partons dormir, non sans avoir soigné nos ampoules respectives. Mon ampoule au talon gauche a la taille d’une pièce de 5 francs…

Jour 5 - Chame-Pisang (Dimanche 22 août 1999)

Réveil tardif ce matin car la journée de la veille a été forte en émotions, et surtout parce qu’on a besoin d’argent. La banque de Chame ouvre de 10h à 12h le dimanche. Ptit déj, filtrage de l’eau pour remplir les gourdes pour la journée. Mat et Fred vont changer des dollars pendant ce temps-là. J’en profite pour prendre de l’avance (départ 10h40). Le chemin suit une légère montée au milieu de la forêt de pins avec quelques passages raides. De chaque côté, une trouée dans les nuages laisse apercevoir le ciel parfaitement bleu. Le soleil tape fort. On arrive au bout de 2h (12h40) au village de Bratang abrité par une immense falaise sur la droite. On y déjeune au Maya Hotel (Fanta à 60 NRs, Coca à 75 NRs). Bratang est un village tibétain avec des maisons en pierre très rapprochées les unes des autres, et des drapeaux à prières un peu partout. Sur tout le chemin, nous avons vu des petits édifices à contourner par la gauche toujours. Pause jusqu’à 14h15. On repart par un chemin entre 2 falaises. L’érosion est très forte dans ce passage de la Marsyangdi, l’autre rive parait impraticable, car on ne voit que des rochers jusqu’à la racine des arbres, qui sont sans doute destinés à tomber tôt ou tard. A 15h, je traverse le pont qui enjambe la Marsyangdi pour repasser sur la rive sud. En se retournant, on aperçoit la grande dalle du Paunda Daunda : c’est bien la première fois qu’on voit quelque chose indiqué dans le guide ! C’est immense, et encore le haut est caché par les nuages. Le chemin monte fort à travers la forêt pendant 40mn puis est suivi d’une descente et d’un long plat. On est loin de la Marsyangdi qu’on n’entend plus. De chaque côté, la forêt de sapins s’étend et on aperçoit de temps en temps des pommes de pins bleues dans les sapins. C’est très joli. Au passage, on traverse un village qui semble vide (peut-être pas en saison touristique) juste avant de passer à côté d’un petit lac. Un VTT serait idéal pour suivre le chemin. Au loin apparaissent de grandes étendues rouges : ce sont en fait des champs de fleurs. Le chemin rejoint la Marsyangdi dont les rives sont toujours aussi érodées. Le haut Pisang est composé de maisons traditionnelles et surplombe la rivière, tandis que le bas Pisang où l’on s’arrête rassemble les lodges. On s’arrête à l’Hotel Maya. Les chambres sont plus petites que la veille mais très propres et confortables. Une fois de plus, nous serons les seuls dans le lodge le soir. La salle à manger est très bien également, ainsi que la nourriture: c’est tout simplement le meilleur lodge qu’on ait eu jusqu’à présent. C’est sûrement parce que Pisang est une étape classique du trek du Tour des Annapurnas. Pour information, le Coca est passé à 75 NRs (et le Fanta à 65 NRs), et les pâtisseries de la maison sont excellentes: ce n’est pas pour rien qu’ils s’appellent bakery ! Au final, la journée a été très tranquille, pas très longue et pas très fatigante, le temps était frais avec quelques éclaircies et Dam en a profité pour prendre plein de photos. Et demain, c’est censé être encore plus court pour rejoindre Manang. En attendant, on joue pour la dernière fois au trouduc, et Fred n’est décidément pas content de perdre: demain, on passera à la coinche !

Jour 6 - Pisang-Manang (Lundi 23 août)

Je ne dors plus très bien depuis la veille. Peut-être est-ce du à l’altitude, car Pisang est à 3100m d’altitude. Je me réveille tôt, vers 7h, et surprise il fait beau et ciel est dégagé. Je sors regarder les environs. Pour la première fois depuis le début du trek, je vois un sommet. Au dessus de Pisang s’élève le mont Pisang à plus de 6000m. Derrière apparaît la Paunda Daunda en entier, et au loin vers la vallée se profile le mont Tilicho au dessus des nuages. Il faut profiter des premières heures pour voir les montagnes car les nuages les recouvrent en quelques minutes en cette saison. Dès 8h on ne voit plus rien. Retour à l’hôtel pour le petit déj après le filtrage de l’eau. Les pâtisseries du Maya Hotel sont décidément excellentes, notamment l’apple pie. Décidément le meilleur lodge jusqu’à maintenant (de tout le trek en fait) Nous partons à 9h. Une fois de plus, le ciel est couvert, avec quelques bouts de ciel bleu entre les nuages. Le sentier monte pendant une heure pour déboucher sur une vue sur la vallée de Manang qui parait immense. Bien sûr, les nuages recouvrent les sommets… On amorce ensuite une descente dans la vallée, suivie d’un long plat qu’on avale d’une marche rapide. La Compeed que j’ai décidé de mettre le matin même se révèle d’une redoutable efficacité pour mon ampoule: je marche plus vite que d’habitude. Dam a lui de plus en plus mal à cause de son ampoule sous le talon. La vallée est très sèche, les arbres de la veille ont disparu et l’érosion provoque des formes nouvelles sur les flancs de la vallée. On arrive vers 11h30 au poste de police de Hongde situé près de l’aéroport, puis repartons pour Mungji pour prendre un Coke (70 NRs). La fin du parcours se fait en longeant la Marsyangdi qui parait plus calme a ce niveau là. Petite traversée de Bryaga, et un peu plus loin, voilà Manang, qu’on rejoint un peu avant 14h. La journée de marche a été tranquille. Manang est une ville tibétaine avec une multitude de moulins à prières et de maisons en pierre. En voyant le nombre de lodges, on a un aperçu de ce que peut-être Manang en haute saison : que des touristes… Heureusement pour nous, nous sommes tranquilles dans notre hôtel, le Thorung La Guest House. Les chambres sont bien, avec même des toilettes occidentales. Par contre, la nourriture est moyenne et le service très lent. La coinche nous occupe pendant ce temps-là. Par la fenêtre, on peut voir le glacier du Gangapurna et le lac. En haut, des nuages évidemment… Après le repas, petit tour en ville où on trouve plein de petites boutiques destinées aux trekkeurs : gants, bonnets, barres chocolatées, médicaments, papier toilette, mouchoirs, pellicules, appareil photo jetables… Petit passage au HRA (Himalayan Rescue Asociation). On revoit également la Hollandaise qui fait le même parcours que nous depuis quelques jours. Retour à l’hôtel, dîner, coinche. Vu que nous sommes tous en pleine forme physique (à part les ampoules), nous décidons de partir pour Thorung Phedi dès le lendemain, sans marquer de journée de pause à cette altitude, comme le conseillent nos guides (Lonely Planet et Guide Artou). En retournant nous coucher, nous constatons que les nuages se dégagent et on devine à la lumière de la lune le Gangapurna en face et la Grande Barrière des Annapurnas au loin sur la droite. Nous nous couchons tôt car nous prévoyons de nous lever à 5h30 pour pouvoir jouir du paysage matinal, avant que les nuages ne recouvrent les sommets.

Jour 7 - Manang-Thorung Phedi (Mardi 24 août 1999)

Comme prévu, nous nous levons tôt mais grosse déception : les nuages sont là… Mais pendant que nous prenons le petit déjeuner, ça se dégage ! Et pour la première fois du trek, la vue des sommets est impressionnante. En face de nous se dressent l’Annapurna III et le Gangapurna avec son glacier en entier. Sur la gauche plus loin se détachent les Annapurnas II (8000m) et IV alors qu’à droite apparaissent la Grande Barrière et le mont Tilicho. On aperçoit également un bout du Glacier Dome. Le temps est magnifique. Les nuages recouvrent légèrement les sommets mais nous sommes satisfaits. Nous partons à 7h20 car il y a 1000m d’ascension prévus pour la journée. On poursuit une pente raide en surplombant la Marsyangdi. La vue est superbe et le temps toujours ensoleillé. Première pause à 8h10. On traverse ensuite le village de Gunsang (quelques maisons en fait). Fred et Mat tentent un passage plus haut tandis que Dam et moi suivons le chemin. Bien vu puisqu’on arrive avant eux. Nous continuons ensuite à la même altitude alors que le chemin descend sur la gauche. Mauvais choix car il faut traverser un torrent situé plus bas: on doit donc descendre à travers champs, sur un terrain très meuble. Au passage, on obtient quand même une vue sur les monts Chulu Ouest et Est. Le paysage est composé sur tout le trajet de petits buissons et de prairies sèches : c’est qu’on arrive à 4000m d’altitude… Juste après le torrent, le chemin remonte très abruptement, avant de devenir plat et de rejoindre Yak Kharka où l’on déjeune (arrivée à 11h30). Coinche en attendant, c’est devenu notre occupation favorite. J’ai un léger mal de tête qui m’inquiète, c’est le premier symptôme du mal des montagnes. On repart à 13h15 pour Thorung Phedi. Il fait plus frais. Le chemin s’élève à nouveau et la progression devient plus difficile. Vers 15h, il faut traverser un torrent. Il faut descendre sur des éboulis instables puis remonte sec. Les marches semblent très précaires en raison de l’érosion. Le sentier lui-même s’affaisse sur le côté par endroits. Il suit maintenant le torrent par une succession de montées et de descentes, en restant étroit. Le plafond nuageux est très bas et il se met à pleuvoir. L’atmosphère devient glauque, d’autant plus que la végétation se raréfie à cette altitude. J’ai du mal à trouver mon souffle, et j’arrive au ralenti à Thorung Phedi vers 16h, bien après le reste du groupe. Mon mal de tête persiste. On fait une coinche en attendant le repas, en restant emmitouflés dans nos blousons car il fait frais. Le repas se révèle très correct, malgré tout le mal que les guides en disent: paraîtrait-il qu’on ne peut y manger que du dal bhat, alors qu’on y mange des pizzas (pizzas locales of course…). On est tous très fatigués à cause de l’altitude et nous appréhendons la journée du lendemain. Décidant de partir tôt (5h) et vu l’état général de fatigue, nous nous couchons à… 19h30 ! On se couvre pour la nuit car il fait frais. La nuit va être agitée à cause du mal de tête du au manque d’oxygène. Aucun d’entre nous ne dormira bien. Au matin, nous sommes fourbus, et moi particulièrement. Distribution d’aspirines contre le mal de tête : 1000mg chacun.

Jour 8 - Thorung Phedi-Thorung La-Muktinath (Mercredi 25 août 1999)

Voilà, c’est le grand jour, celui qu’on redoute depuis le départ du trek car il faut passer un col à 5416m d’altitude après une ascension de 1000m, puis redescendre 1600m… Réveil à 4h30 pour un départ prévu à 5h. Facile de se réveiller car on a mal dormi pendant la nuit, par plages d’une ou deux heures. Pour ma part, j’ai toujours ce mal de tête, sûrement aggravé par le fait de rester dans une chambre fermée à 4 : l’oxygène manque. On prend tous 1000mg d’aspirine pour faire disparaître ce mal de tête. Ptit déj léger, notre ventre ne saurait digérer et notre appétit a disparu : pas d’œufs ce matin. On sent que l’altitude a de l’effet sur nous… Finalement comme le temps est couvert (on est dans les nuages), on part à 6h00, non sans avoir rempli nos gourdes. C’est moi qui donne le rythme pour que nous restions groupés lors de la montée. La pente est raide et la journée de la veille est dans les jambes. Le paysage est entièrement composés de pierres avec de faibles traces de végétation qui disparaissent au fur et à mesure de la montée. On monte lentement en marquant une pause de 10mn toutes les 30mn. Après 1h10 d’ascension, 2è pause au Thorung La High Camp où ils sont en train de construire un lodge à 4800m d’altitude ! Bientôt on pourra faire le Tour des Annapurnas en 30 jours… Il faut repartir. On dépasse donc l’altitude du Mont Blanc. Mon souffle diminue et j’avance de plus en plus lentement. Le temps ne s’est pas découvert depuis le matin, les nuages sont toujours présents : c’est simple, on ne voit pas à plus de 100m. Il fait frais et le port de la veste s’impose. Pause à 8h15 autour de 5100m d’altitude : ravitaillement en eau et en barres énergétiques et on repart. Cette fois-ci, Mat et Dam partent en premiers, et je reste avec Fred. Autour de nous, le paysage est désertique : que de la rocaille. Notre vue se limite maintenant à 50m et une pluie fine se met à tomber, bientôt suivi de la neige (celle-ci ne tient pas au sol). J’ai de plus en plus mal à trouver mon souffle et avance au ralenti, en "chou-fleur", un pied devant l’autre. On monte toujours avant d’arriver à une succession de petites collines en légère montée, avec un drapeau servant de balise. A chaque drapeau, je pense être arrivé au sommet, mais un autre drapeau apparaît encore plus loin. C’est un calvaire, d’autant que mon mal de tête a repris. Je suis Fred au ralenti, et décide de prendre un Diamox (qui, finalement, aura eu plus un effet psychologique qu'autre chose) pour lutter contre le mal des montagnes. Encore un effort qui me parait très long et je vois Dam venir vers nous. Il reste 50m ! Ouf ! 5416m, j’y suis. On se pose dans le minuscule Tea House pour prendre un thé chaud qui fait du bien… 2 Népalais restent là en permanence. Mon mal de tête persiste. Séance photo devant le chorten pour garder un souvenir de notre passage, tant pis pour le paysage car on voit toujours rien du fait de la couche nuageuse dans laquelle on se trouve. Pas question de rester là plus longtemps. On amorce la descente. Avec Dam, je vais plus lentement. A chaque pas, le choc remonte à la tête et ça n’arrange rien au mal de tête, donc là aussi j’avance doucement. La descente est longue et fait travailler les genoux. Dure journée. Le paysage est toujours désertique avec quelques végétations qui réapparaissent. Mon mal de tête a enfin disparu, après avoir repris 1000mg de paracétamol… Il aura fallu attendre de repasser 4200m. On arrive au lodge situé à 4000m d’altitude vers 13h30 : nous voyons maintenant la vallée de Muktinath car nous sommes sortis de la couche nuageuse. A la même altitude, le paysage est complètement différent de celui qu’on a vu de l’autre côté du col. Il est aride et on voit que les précipitations sont moins fréquentes de ce côté. La vallée est coupée par de nombreux canyons creusés par des cours d’eau (certains sont à sec). Nous continuons vers Muktinath, en traversant un torrent, ce qui nous oblige à descendre vers la rive puis de remonter : c’est odieux pour les jambes ! Finalement voilà Muktinath à 14h30, c’est un soulagement. Nous nous posons au North Pole Lodge pour prendre un repas mérité. 4h de montée suivies de 4h de descente, après la dure journée de la veille, c’est fatigant… Mais on a passé le col, c’est l’essentiel. On se détend en jouant aux cartes. La fatigue se ressent et nous décidons de faire la grasse matinée le lendemain, d’autant plus qu’il y a un rassemblement de chevaux en ville. Nous rejoindrons ensuite Jomson. L’idée vient de prendre l’avion pour Pokhara à partir de Jomson : le challenge sportif est passé, et on sait bien que les nuages nous empêcheront d’admirer les montagnes sur la fin du parcours, et Dam ne marche plus que sur un pied en descente à cause de son ampoule sous le talon. Mais cela en reste au stade de l’idée.

Jour 9 - Muktinath-Jomson (Jeudi 26 août 1999)

Réveil à 9h puis douche, car il était bien entendu hors de question de prendre une douche à Thorung Phedi en raison du froid. En ville, il y a plein de monde pour la fête du cheval. Les jeunes sont habillés à l’occidentale, certains sont venus de Manang. Le temps est gris, et il se met à pleuvoir pendant le déjeuner. Nous partons de Muktinath en direction de Jomson. Nous avons implicitement décidé de prendre l’avion si les conditions climatiques le permettent. La pluie continue à tomber et le terrain est glissant. Après Jarkhot, on se perd dans les champs, avant de retrouver le chemin en traversant ces champs. Celui-ci descend abruptement vers Ekli Bhati  : nous prenons sur la gauche pour gagner du temps, mais on ne passe pas par Kagbeni. Le paysage est toujours aride. Au loin, on aperçoit le canyon creusé par la Kali Gandaki. Avant d’arriver à Ekli Bhati, nous affrontons un fort vent de face qui gène la progression. Arrivée à 15h30 et pause goûter avec 3 chiens qui espèrent manger avec nous. A 16h, c’est reparti pour 8km de plat avant Jomson le long de la Kali Gandaki, qui est très large sur toute la vallée. Par moments, on se retrouve dans le lit de la Kali Gandaki. Nous sommes arrêtés par un affluent qu’il faut traverser. Le pont n’existe plus, et il faut se rendre à l’évidence, il va falloir traverser à gué dans une eau noire pas très appétissante. Mat choisit la solution "j’enlève pantalon, chaussettes et chaussures" alors que Fred, Dam et moi choisissons de mettre un surpantalon imperméable. Ca donne vraiment pas envie car on ne voit pas les rochers cachés sous l’eau, tellement elle est noire. Deux fois 3m à traverser environ. On s’en sortira tous avec plein de bout sur les habits et un peu sur le visage aussi, c’est gai. 1h plus tard, à 18h, on arrive à Jomson. On s’arrête au premier panneau Royal Nepal Airlines. C’est en fait le Daulaghiri Guest House qui vend des billets. C’est pas gagné pour prendre l’avion le lendemain matin car cela fait déjà 3-4 jours qu’aucun avion n’a atterri à cause du mauvais temps. Il faut attendre le lendemain pour savoir. Au dîner, nous avons les habituelles lasagnes qui n’en sont pas, et qui sont différentes à chaque étape : c’est la surprise à chaque fois.

Jour 10 - Jomson-Pokhara... en avion (Vendredi 27 août 1999)

Réveil à 5h30 comme prévu, on commence à se préparer mais le proprio-vendeur de billets tape à notre porte pour nous dire que le temps ne permettra pas le vol de l’avion. Grosse déception : on se recouche pour attaquer l’étape à pied plus tard. A 6h, on nous réveille à nouveau pour nous dire que le ciel se dégage et qu’il faut vite aller à l’aéroport. En 5 mn, les bagages sont pliés et 10 mn plus tard, nous sommes à l’aéroport avec plusieurs autres touristes qui eux attendent un avion depuis plusieurs jours. On enregistre nos bagages, on achète nos billets d’avion (dans cet ordre…) et on passe en salle d’embarquement où tout le monde attend. Le trajet coûte 50 US$ par personne et on a laissé 5 US$ de commission à notre vendeur. Les Allemands ont loué un hélicoptère qui commence des rotations, mais toujours pas d’avion. A 8h arrive un avion de Lumbini Airways, suivi d’un avion de Cosmic Air, mais pas de Royal Nepal Airlines en vue. On s’impatiente. Heureusement qu’on a pu récupéré le jeu de cartes : c’est reparti pour une autre coinche. Un hélico de Cosmic Air arrive, et finalement l’avion de Royal Nepal Airlines : on va pouvoir rentrer par avion, quelle chance, car dès l’après-midi, le temps se dégradera. La vue sur la vallée est magnifique : la verdure réapparaît, accompagnée de chutes d’eau et le sentier parait minuscule au milieu des montagnes. On se rend compte aussi de l’importance des dénivelés. Au-dessus des nuages surgissent les sommets de l’Annapurna I (8050m) et du Daulaghiri (8150m)… enfin on les voit ! L’arrivée à l’aéroport nous rappelle qu’il fait moite. Le taxi nous ramène au Nirvana Hotel (86 NRs le trajet jusqu’au Lake Side) où l’on retrouve les affaires qu’on avait laissées en partant. Le trek est bien fini, on en profite pour donner nos habits à laver. Après une tentative d’envoi d’e-mails (le retour à la civilisation !), on se retrouve au Hungry Eye Restaurant pour le steak qu’on s’était promis pour marquer la fin du trek : c’est toujours aussi délicieux… On arrive finalement à avoir accès à Internet : aux nouvelles du jours, le PSG est en tête du championnat de D1 et Eunice Barber (qu’aucun d’entre nous ne connaît) est devenue championne du monde de l’heptathlon… Il pleut fort dehors, comme ça a été le cas à Pokhara pendant notre trek. Nous avons eu la chance de prendre l’avion pendant la seule fenêtre météo. Par contre, nous n’avons pas de vestes avec nous. Du coup, on va prendre un jus de fruit frais (100 NRs le big pot) avant de retourner à l’hôtel pour un repos : belle journée de larve d’après-trek. Pour le dîner, on opte pour le Beam Beam Restaurant, au fond d’une impasse. L’ambiance est sympa avec un club où l’on peut jouer au billard et de la musique venant de la chaîne télé MCM (en français). Pour les jours qui viennent, on prévoit de visiter le Royal Chitwan National Park, le seul problème étant le risque de pluie…